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Kinésithérapie et sport dans la prise en charge du cancer

Publié le : 19/03/2020 10:27:23
Catégories : Zoom Pathologie - Thérapie Rss feed

Nous avions prévu de vous présenter l'interview de Fabienne Le Guével au mois de mars malheureusement, la publication a été reportée en raison du confinement.

Pour beaucoup de kinésithérapeutes, le confinement a eu de lourdes conséquences sur leur activité. Cela a été particulièrement difficile pour Fabienne Le Guével dont les patients sont vulnérables.

Voici son témoignage concernant la période de crise sanitaire : 

J’ai décidé de fermer mon cabinet le dimanche 15 mars.
Une amie chirurgien a fait un appel aux dons pour les masques car ils en manquaient .. je suis donc allée tout donner et me suis retrouvée sans masque.
Franchement au début je ne pensais pas que le confinement durerait.
Puis la réalité était là.
J’ai donc décidé de ne faire aucun soin afin de ne pas multiplier les risques auprès des patientes fragiles.
J’ai commencé par faire des bilans par vidéo téléphone puis j’ai créé des vidéos d’exercices et de massages personnalisés mais rien ne remplace notre touché et notre coup d’œil.
Mais je suis restée proche des patientes malgré tout ; elles pouvaient me téléphoner et nous essayons de trouver une solution.
Parallèlement j’ai proposé uniquement aux patientes qui étaient inscrites à mes cours de gym des vidéos de cours de gym
Ce n’était pas pour des raisons d’argent mais comme pour les soins, pas de gym sans bilan et j’ai besoin de les connaître pour leur proposer des cours adaptés donc voilà pourquoi ces cours étaient destinés uniquement aux patientes connaissant déjà mes cours et que je connaissais également.
Ensuite une amie chirurgienne de Bretagne m’a demandé de l’aider car elle opérait et aucun kiné ne travaillait  dans sa région
Du coup j’ai créé une vidéo afin de proposer les premiers exercices pour prendre en charge les épaules drainer les seins ou la zone opérée..Etc
Bref on a fait au mieux 
Psychologiquement ce fut très dur pour tout le monde.
Financièrement c’est la catastrophe, ne faisant que de l’oncologie il existe encore un grand décalage et de nombreuses patientes voient leur chirurgie de reconstruction décalée et du coup j’ai moins de travail Recettes moins 50%...!!
Je n’ai pas repris les cours de gym, impossible de garantir à des patientes en pleine chimio de ne pas attraper la Covid...
Bref drôle de situation
C’est dur
Les médecins pensent que les répercutions de cette situation  vont se sentir longtemps après avec des patients qui auront attendu pour se faire diagnostiquer et soigner...

Fabienne Le Guével – Dausse est kinésithérapeute depuis 27 ans et est spécialisée dans la prise en charge kinésithérapique en oncologie depuis 13 ans.


Afin d’améliorer la prise en charge de ses patients et de leur proposer un suivi complet, elle a validé en novembre 2015 un diplôme universitaire en sport et cancer à l’Université de Paris 13.
Elle collabore avec de nombreux chirurgiens afin d’approfondir ses connaissances, notamment pour découvrir les nouvelles techniques chirurgicales.
Fabienne donne par ailleurs des cours sur la prise en charge kinésithérapique du cancer du sein à l’école de kinésithérapie de saint Sébastien sur Loire, et est responsable de du diplôme universitaire "perfectionnement à la prise en charge de la patiente atteinte d'un cancer du sein".
Également formée en Polestar Pilates, elle donne des cours d’activité physique spécifiques destinés aux patients suivis en oncologie.


Bonjour Fabienne,
Qu’est-ce qui vous a amené à vous spécialiser dans la prise en charge kinésithérapique du cancer ?
J'ai commencé l'oncologie il y 13 ans par hasard, j'ai tout de suite été happée par cette prise en charge différente, tellement différente des autres prises en charge en kinésithérapie. Il y a une grande dimension psychologique que je trouve très intéressante, et puis nous traitons les effets des traitements du cancer, et plus la patiente est soignée plus elle se dégrade, de plus la patiente va mettre de côté ses problèmes physiques du fait de la violence des traitements, bref c’est une prise en charge passionnante.


Avez-vous le sentiment que cela se développe en France ?
Oui bien évidemment, quand j'ai commencé j'étais seule à faire ces prises en charge, maintenant de plus en plus de femmes auront des séances. Il existe des formations, un diplôme universitaire dédié uniquement à cette prise en charge et il est important de se former car pour bien prendre en charge les patientes, il faut une super connaissance de la pathologie et de ses traitements.


Quel rôle joue le kiné dans le traitement des cancers ?
Primordial, car le kiné va aller au-devant des problèmes de la patiente ; il aide aussi la patiente dans la continuité de son activité physique.


Qu’en est-il de la formation ? Est-elle suffisamment développée ?
Aujourd'hui il existe de nombreuses formations, elles sont fondamentales et nécessaires.
À Nantes on a un diplôme universitaire très complet pour se former à la prise en charge des patientes atteintes de cancer du sein.  Le centre de cancérologie de l'Ouest propose aussi de très bonnes formations.


Sport et cancer : quels sont les bienfaits de la pratique du sport lors d’un cancer ?
Toutes les études l'ont prouvé l'activité physique est indispensable pendant et après la maladie, les bienfaits sont nombreux tant sur le bien-être, sommeil, estime de soi, sociabilisation, mais aussi pour mieux supporter les traitements et dans certains cas de cancers à diminuer la récidive.
Là aussi il est important de s'adresser à une personne formée à l'activité physique et cancer car il faut une démarche qui soit vraiment adaptée, avec une connaissance parfaite de la maladie.
Malheureusement aujourd'hui trop de cours d'activité physique destinés aux personnes atteintes de cancer sont proposés par des personnes non formées à cette pathologie ou pas du tout spécialisées. De ce fait, les objectifs de l'activité physique ne sont pas atteints. Mais il n'y a pas assez de cours avec des professionnels parfaitement formés pour permettre aux patientes atteintes de cancer de s'inscrire. De plus les cours sont payants et non pris en charge, ce qui limite aussi les inscriptions.


Pouvez-vous nous parler spécifiquement du cancer du sein et du syndrome du gros bras ?
Le problème de la prise en charge du cancer du sein est là dans votre question...
Aujourd'hui les nouvelles chirurgies et les nouveaux traitements font que les femmes atteintes de cancer du sein développent moins de gros bras, - de 20% en cas de curage, - de 7% en cas de GAS (ganglion sentinelle)
De plus les études montrent que toutes les idées préconçues au sujet du "gros bras" ne sont plus du tout d'actualité et en fait il reste encore des personnels soignants ou autres qui continuent à effrayer les patientes avec ça et à diffuser de mauvaises informations.
La prise en charge d'une patiente atteinte d'un cancer du sein n'est plus du tout la même. Il faut travailler sur la prévention, on le sait une patiente peut tout au long de sa vie développer un lymphœdème du bras (LOB), il faut expliquer les contre-indications comme rester immobile, les blessures sur le bras, mais aussi les rassurer sur le fait que les risques sont moins importants.
On rencontre encore trop de femmes qui ont eu une grande quantité de séances de drainage lymphatique qui n'en avaient pas besoin...et tout le reste s'est dégradé...
 
Le recours à la pressothérapie est-il une solution ?
En cas de LOB il est important de s'adapter au stade du LOB, à savoir si on lutte contre de la stagnation de lymphe ou de la fibrose, il sera important d'amener la patiente à pratiquer une activité physique afin de lutter et améliorer le drainage.
La presso est un très bon outil a utiliser après un drainage manuel, il est important que la pressothérapie ait un maximum d'entrée d'air car le soin sera optimal.

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